Souveraineté pharma en France et en Europe : une priorité et des ambitions

Franck Di Liberto
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24/5/2021

En 10 ans, la France est passée de la première à la cinquième place des producteurs de médicaments en Europe

Dans un rapport publié le 23 juin 2021, les parlementaires de la mission d’information sur les médicaments concluent que « la France est en situation de forte dépendance vis-à-vis de pays étrangers ». 70 % des principes actifs utilisés pour les médicaments sont produits à l’étranger, principalement en Chine. La France produit seulement 6 % de ses principes actifs pour les médicaments vitaux, appelés « médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ».

À l’échelle européenne, 80 % des sites de production de ces principes actifs sont situés hors d’Europe, essentiellement en Chine et en Inde. Pourtant, dans les années 90, l’Europe produisait à l’inverse 80 % des principes actifs qu’elle utilisait. Les pays européens sont en revanche moins dépendants sur les étapes finales de la production du médicament, pour la fabrication d’enrobage de comprimé ou le conditionnement. 

Emmanuel Macron s’est engagé à relocaliser la production de 50 médicaments essentiels, parfois indisponibles en pharmacies. Une volonté déjà affichée pendant la crise Covid pour rendre à la France son autonomie sanitaire. Une liste de 25 molécules à relocaliser a déjà été fixée : antibiotiques, anticancéreux, médicaments utilisés en réanimation ou contre des affections chroniques.

L’annonce concerne avant tout des molécules chimiques qui ne suffiront pas à remettre la France dans le palmarès européen de la pharma. Car les traitements du futur sont aujourd'hui essentiellement issus des biotechnologies.

Elles représentent le quart du marché mondial du médicament, avec 320 milliards d’euros attendus en 2025. En décembre 2020, un bilan du Comité stratégique de la filière Santé estimait que sur les 167 biothérapies approuvées par l’Agence européenne du médicament, seulement huit étaient produites en France !

La France a multiplié les investissements afin de recréer un terreau fertile pour fabriquer des médicaments : un milliard d’euros pour la recherche en santé, cinq bio clusters labellisés, quatorze pôles d’excellence hospitaliers (IHU). De plus, le Plan débloquera aussi 800 millions d’euros avec un appel à projet en cours dans les domaines des biothérapies et de la bio production.

Selon le président de France Biotech, la moitié de la valeur des nouveaux traitements réside dans la capacité à les produire dans de bonnes conditions. Prendre en charge des innovations de rupture tout en ayant la capacité de les financer, en réduisant les délais et les coûts de développement : voilà le secret d’une réindustrialisation pour l’industrie pharma de demain. Un défi pour le moins ambitieux.